Le Dr Jonathan Silverberg partage son point de vue avec la SCE sur l’avenir des soins de la dermatite atopique
La SCE s’est récemment entretenue avec le Dr Jonathan Silverberg (Ph. D., M.P.H.), directeur de la clinique de recherche à la George Washington University School of Medicine and Health Sciences à Washington, D.C., à propos de l’évolution de la prise en charge de l’eczéma et de ce que l’avenir réserve aux personnes atteintes.
Q : Quelle a été la plus importante percée au sujet de la compréhension actuelle de l’eczéma et de la dermatite atopique?
R : « Si vous m’aviez posé cette question il y a 10 ans, j’aurais dit la découverte de la mutation du gène de la filaggrine et l’importance de traiter la barrière cutanée. Ces découvertes ont en effet été très importantes, mais nous réalisons aujourd’hui l’origine immunitaire de la dermatite atopique. Nous avons toujours su qu’il s’agit d’une maladie inflammatoire, ce qui explique le recours aux traitements comme les corticostéroïdes topiques, toutefois les plus récentes découvertes, comme le ciblage des voies de signalisation des cytokines Th2, ont grandement approfondi notre compréhension. En régulant ces voies de façon sélective, et en trouvant de nouvelles façons de les cibler, nous avons établi la nature immunitaire de la DA et ouvert la voie à des traitements et à des travaux de recherche pour l’avenir.
La prochaine grande question à élucider est de savoir si nous pouvons trouver une « pilule magique » qui fonctionnerait à tous les coups chez tous les patients. Quand on enseigne sur le sujet, on dit de la maladie qu’elle est hétérogène, c’est-à-dire qu’elle est complexe et qu’elle se présente de diverses façons. Les patients sont tous différents, et alors que nous entamons une ère fascinante axée sur la médecine de précision, je me demande si nous trouverons un jour un traitement unique qui fonctionne à tout coup contre l’eczéma (un peu comme les traitements novateurs contre le psoriasis).
On pourrait voir apparaître à l’avenir des traitements contre les diverses formes de cette maladie et dépasser la façon primitive que nous avions de traiter l’eczéma dans le passé. Nous savons maintenant que l’eczéma est très complexe – certaines personnes répondent bien aux hydratants, certaines ont du succès en évitant les éléments déclencheurs et d’autres ont des poussées quand elles sont exposées à la chaleur, ou au froid, et ainsi de suite. En nous penchant sur les nuances de la maladie, nous réalisons qu’il y a encore beaucoup d’inconnu, et de nouvelles approches de traitement pourraient donc être créées.
Nous commençons à comprendre que, pour qu’un traitement évolue, nous devons mieux caractériser les patients et leurs symptômes. Nous avons récemment publié les résultats d’une étude portant sur le traitement de personnes atteintes d’eczéma en fonction des démangeaisons et de la gravité des lésions. Nous avons découvert que certaines personnes qui subissent des démangeaisons plus intenses reçoivent un traitement léger ou modéré en fonction de la gravité des lésions (éruptions cutanées). Cela laisse croire que nous sommes peut-être trop concentrés sur l’aspect de la peau, et que nous devons porter une meilleure attention aux nuances, comme les démangeaisons et d’autres symptômes qui nuisent à la qualité de vie en général. Un autre exemple est l’attention croissante accordée à la diversité et comment l’eczéma se présente chez diverses couleurs de peau. Nous nous éloignons de l’approche universelle, et la recherche devra s’adapter à cette réalité.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a plusieurs nouveaux traitements qui arriveront sur le marché bientôt et qui aideront à traiter différentes voies du système immunitaire, ce qui donnera plus d’options aux patients au moment de personnaliser leur plan de traitement. »
La SCE remercie le Dr Silverberg de sa contribution à cet article.
Avis de non-responsabilité : Les renseignements fournis par la Société canadienne de l’eczéma ne doivent pas être considérés comme des conseils médicaux. Tous les médicaments et plans de traitement et toutes les interventions sont associés à des risques et à des bienfaits. Il est important de discuter de ses besoins particuliers ou de ceux de son enfant avec un professionnel de la santé qualifié.
Septembre 2021